simulations d'entretien d'embauche
Je m'investis depuis une dizaine d'années au sein du club FACE Grand Toulouse (Fondation Agir Contre l'Exclusion), d'abord en tant que cadre supérieur à La Poste et maintenant comme consultant indépendant.
Dans ce cadre, j'interviens régulièrement avec d'autres professionnels issus d'entreprises de toute taille dans les lycées professionnels de l'agglomération toulousaine, pour apprendre aux jeunes en CAP ou en Bac Pro à rédiger un CV ou à passer un entretien d'embauche ou de recherche de stage.
Souvent en effet, ces jeunes n'ont ni les codes ni le réseau personnel à même de faciliter leur intégration sur le marché du travail, alors que nombre d'entre eux seront en recherche d'emploi une fois leur diplôme en poche.
Les simulations d'entretien d'embauche ont lieu en face à face, à partir du CV et de la lettre de motivation rédigés par l'élève. Pendant ce temps, les camarades et
le professeur s'installent au fond de la classe pour écouter silencieusement ce qui se dit.
L'expérience professionnelle des jeunes qui se prêtent au jeu est naturellement bien mince : au minimum le fameux stage d'observation en 3ème, parfois complété par un second stage pour ceux qui ont l'opportunité d'avoir des entrepreneurs dans leur cercle familial.
Compte tenu de la minceur bien normale de cette expérience professionnelle, l'entretien va porter essentiellement sur leurs activités extra scolaires, pour identifier les comportements susceptibles d'intéresser les futurs employeurs.
retour d'expérience sur ces entretiens
Ces entretiens sont l'occasion de belles surprises : je me souviens en particulier d'une jeune fille menue et très timide rencontrée au lycée Rive Gauche à Toulouse, qui finit par m'avouer qu'elle pratiquait assidûment le flamenco dans un club de danse, à la grande surprise de sa professeur et de ses camarades.
Ou de ce jeune homme en Bac pro agent de sécurité au lycée Françoise à Tournefeuille qui était pompier volontaire dans son village et avait déjà participé à ce titre à une désincarcération de victimes d'un accident de la route : intervention allant bien au delà des compétences demandées dans le cadre de son diplôme.
Bien entendu, tous ne pouvaient mettre en évidence des activités aussi originales, mais ils en exerçaient tous pour peu qu'on parvienne à leur tirer les vers du nez.
Un point commun ressort en effet de ces dizaines d'entretiens réalisés au cours de toutes ces années : la pudeur des jeunes rencontrés, qui rechignent quasi systématiquement à se mettre en valeur en expliquant en quoi consistent leurs loisirs et leurs hobbys.
les activités extra scolaires, reflet de la personnalité de l’élève
L'esprit d'équipe, l'esprit d'initiative, la capacité à innover, l'orientation client... sont des compétences comportementales très appréciées des employeurs et donc des recruteurs.
Cependant, ces compétences clé ont du mal à s'illustrer dans le cadre scolaire, l'enseignement ayant vocation en premier lieu à transmettre le savoir plutôt que de découvrir et d'améliorer le savoir être de chaque élève.
Par exemple, il est rare que les élèves travaillent en mode projet dans leur classe (alors que cette pratique est au contraire très courante en entreprise), pour tester et développer leur esprit d'équipe et leur capacité à innover.
En revanche, ces compétences peuvent tout à fait trouver leur expression dans des activités comme le sport en club, la tenue d'un blog dédié à des recettes de cuisine ou à des mangas, l'engagement associatif, la pratique de la musique, la capacité à réparer son vélo et celui de ses amis, l'aide aux démarches administratives pour les gens du quartier maîtrisant mal le français, etc.
Rien n'est anodin, tout est important.
D'où le hiatus qui peut s'installer entre le monde éducatif et le monde du travail : considérant que le socle de base des connaissances est acquis, le recruteur va
plus s'intéresser à la personnalité du candidat qu'au détail des notes obtenues au cours de sa scolarité, alors que les notes sont le fondement de l'évaluation de l'élève pendant son parcours
scolaire.
en conclusion
Le monde éducatif aurait tout intérêt à prendre conscience de l'importance des activités extra scolaires, et à travailler sur le sujet en lien avec le monde de l'entreprise (par exemple, via des clubs d'entreprise comme ceux de FACE).
C'est dans l'intérêt des jeunes, pour faciliter leur insertion dans le monde du travail. Mais c'est aussi l'intérêt de l'institution scolaire : en valorisant les élèves au travers de leurs activités personnelles, il y a une petite chance de rattraper par la manche les décrocheurs en les réconciliant avec l'école et en leur redonnant le goût d'apprendre.
Écrire commentaire
SYLVIE JAUSSERAND BASAURI (jeudi, 05 janvier 2023 15:27)
C'est une synthèse tout à fait en phase avec ma propre expérience professionnelle de recruteur et de coach mais aussi personnelle dans le soutien soutien scolaire .Il y a un vrai enjeu d'égalité sociale à encourager et à faciliter l'accès à ces activités extra-scolaires pour le développement de la personnalité, le choix de l''orientation ,l'accès aux formations supérieures et à l'emploi.